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décadence de l’empire latin.

l’un des principaux conseillers, maintint les Grecs dans la tranquillité, et empêcha les vainqueurs de se livrer à des abus de pouvoir. Sa haute réputation de valeur et son habileté dans la guerre réprimèrent l’ambition toujours croissante de Théodore Lascaris : et l’alliance que ce prince avoit faite avec les Français continua de subsister.

Les suffrages des seigneurs se balancèrent assez long-temps entre les deux princes qui étoient les plus proches parens de Henri. Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre, petit-fils de Louis-le-Gros, cousin germain de Philippe-Auguste, avoit épousé Yolande, sœur des deux derniers empereurs. Ce prince, d’un âge mûr, et qui, dans le gouvernement paisible de quelques fiefs peu étendus, n’avoit pas montré les défauts qui se déployèrent lorsqu’il fut parvenu à un rang plus élevé, paroissoit devoir être appelé au trône par les droits de sa femme : mais des raisons de politique faisoient pencher les seigneurs en faveur d’André, roi de Hongrie, qui avoit épousé une fille d’Yolande et de Pierre de Courtenay. Ils pensoient que le voisinage de la Hongrie seroit d’une grande utilité pour l’Empire ; et qu’ils pourroient disposer de toutes les forces de ce royaume, tant pour repousser les ennemis dont ils étoient entourés, que pour contenir les Grecs, si l’esprit de révolte se ranimoit parmi eux. Ce prince, très-religieux, et partageant les vœux de ses contemporains pour le recouvrement de la Terre-Sainte, venoit de prendre la croix : il auroit avec peine renoncé à une entreprise à laquelle il s’étoit engagé par les sermens les plus sacrés, et qu’il regardoit comme le premier de tous les devoirs. Il consulta le pape