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[1207] de la conqueste

donnance de bataille droit vers Nicomedie : mais les gens de Lascaris, et son frere qui leur commandoit, en ayans eu le vent, levérent le siege, et repassérent en grand haste le mont Olympe vers Nicée. Cependant l’Empereur se campa de l’autre costé de Nicomedie, en une fort belle prairie, sur une riviére du costé de la montagne, où il fit tendre ses pavillons, et envoya faire des courses dans le pays circonvoisin qui s’estoit révolté lors de la prise du seneschal, où ils firent grand butin, et prirent nombre de prisonniers. Et ainsi séjourna en celle prairie l’espace de cinq jours, durant lesquels Theodore Lascaris lui envoya offrir tréves pour deux ans, à la charge de luy abandonner les forts de Squise et de Sainte Sophie pour estre razez ; et qu’en se faisant il rendroit tous les prisonniers qui avoient esté pris en la derniére deffaite et autres rencontres, dont il avoit grand nombre en toutes ses terres.

250. L’Empereur prit conseil de ses barons sur cette ouverture ; et sur ce qu’il fut représenté que malaisément ils pourroient supporter deux si grandes guerres à la fois, il fut résolu qu’il valoit mieux consentir à la ruine de ces deux places que de laisser perdre Andrinople, et le surplus de leurs conquêtes ; outre que par ce moyen ils diviseroient leurs ennemis, Jean roy de Bulgarie, et Theodore Lascaris, lesquels dans une mutuelle correspondance s’entr’-aidoient, et leur faisoient fortement la guerre, l’un d’un costé, l’autre de l’autre. De façon que les conditions proposées par Lascaris furent acceptées, et la tréve jurée. En suitte de quoy l’Empereur manda à Pierre de Braiecuel qui estoit à Squise de le venir trouver,