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[1206] de la conqueste

le lendemain en considération de ce pauvre peuple qu’il avoit sauvé, et pour luy donner quelque temps de repos, deslogea le jour d’aprés, et vint à Andrinople, où il donna congé aux captifs, tant hommes que femmes, de se retirer chacun au pays de leur naissance, et en telle autre part qu’ils aviseroient avec leurs biens ; le surplus du butin, qui estoit grand, ayant esté departy aux gens de guerre ainsi qu’il falloit. L’Empereur, aprés avoir sejourné en suitte cinq jours à Andrinople, s’en alla à Didymotique pour y voir les ruines que le Bulgare y avoit faites, et s’il y avoit moyen de la refermer : s’estant campé devant la ville, il ne trouva pas lieu, ny les barons, de la pouvoir rétablir, veu l’estat auquel elle avoit esté mise.

235. En ce mesme temps Othon de La Roche, ambassadeur de Boniface marquis de Montferrat, arriva au camp pour parler d’un mariage, qui avoit esté autrefois proposé, de la fille du marquis avec l’empereur Henry ; et luy apporta nouvelle comme cette princesse estoit arrivée de Lombardie, d’où son pere l’avoit fait venir pour cette occasion à Thessalonique. Le mariage ayant esté arresté d’une part et d’autre, Othon s’en retourna vers son maistre. Et l’Empereur ayant de nouveau rassemblé ses gens, aprés qu’ils eurent amené au camp en seureté le butin qu’ils avoient fait à Visoï, ils se mirent derechef en campagne, passérent devant Andrinople, et estans entrez dans les terres de Jean roy de Valachie et de Bulgaire, arrivérent à une ville appellée La Ferme[1], qu’ils emportérent d’emblée, et y

  1. La Ferme. Les Grecs appeloient cette ville Therma, à cause des bains qui s’y trouvoient : elle étoit voisine de Philippopoli.