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[1206] de la conqueste

ainsi prise, il acheva de la razer rez-pied rez-terre. De là il fit des courses dans le pays, et enleva hommes, femmes et enfans, et un grand butin, y commettant des dommages et ruines estranges.

232. Ceux d’Andrinople depéchérent à l’empereur Henry pour avoir du secours, et luy donner avis de la prise de Didymotique. Sur cette nouvelle l’Empereur fit convoquer tout ce qu’il pût avoir de trouppes, et s’achemina droit vers Andrinople. Le Bulgare, sur l’avis qu’il eut de sa marche, quitta incontinent le pays et se retira dans ses terres. L’Empereur continuant son chemin arriva devant Andrinople, et campa en une prairie hors la ville, où les Grecs du pays le vinrent trouver, et luy dirent que le Bulgare, aprés avoir pris et ruiné de fonds en comble Didymotique et tous les environs, s’en retournoit chargé de butin, emmenant hommes et femmes prisonniers, et qu’il n’estoit qu’à une journée de là. L’Empereur fut d’avis de l’aller combattre, s’il l’attendoit, pour tâcher de récourre[1] les pauvres miserables captifs qu’il emmenoit. Il alla aprés, et le suivit par quatre jours, l’autre gaignant tousjours les devans, tant qu’il arriva à Veroï[2]. Comme les habitans du lieu apperçûrent l’armée de l’Empereur, ils abandonnérent la ville et s’enfuirent dans les montagnes. L’Empereur cependant y arriva avec ses trouppes, et l’ayant trouvée garnie de bleds, de vivres et autres commoditez, il y sejourna deux jours. De là il fit faire des courses dans le pays, d’où ses gens ramenérent nombre de bœufs, vaches, bufles, et autre butin. Cela fait il partit de cette place, et vint à une autre, ap-

  1. Récourre, délivrer, sauver du danger.
  2. Veroï, place de la même province que celle de la note suivante.