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[1206] de la conqueste

à bon escient : mais craignoient que quand ce viendroit au besoin ils ne les abandonnassent, et se missent derechef du costé du Bulgare, lequel pressoit si fort Didymotique, qu’il estoit à la veille de la prendre. Quand le Bulgare eut le vent de la marche des François, qui s’avançoient vers luy avec resolution de le combattre, il n’oza les attendre, et aprés avoir mis le feu à ses machines il leva le siege de Didymotique et se retira ; ce que tout le monde tint à grande merveille. Le Regent cependant arriva la quatriéme jour devant Andrinople, et se campa en une fort belle prairie sur la riviére.

227. D’abord que ceux de la ville les virent approcher, ils sortirent au devant en procession avec leurs croix, et leur firent la meilleure reception qu’on puisse s’imaginer. Et veritablement ils la devoient bien faire, dautant que sans ce secours ils couroient danger d’estre mal traitez. Lors la nouvelle estant venuë en l’armée françoise que Jean roy de Bulgarie s’estoit campé à un chasteau appellé Rodosto, ils se mirent en campagne dés le lendemain matin pour l’aller chercher, et lui presenter la bataille : mais l’autre deslogea promptement, et reprit le chemin de ses terres, les nostres l’ayans suivy cinq jours entiers sans le pouvoir attraper, parce qu’il avoit pris les devans. Au cinquiesme ils se logérent en une agreable campagne prés d’un chasteau appellé le Frain, et y séjournérent trois jours. Auquel endroit une trouppe de braves hommes se retira de l’armée pour quelque different qu’ils eurent avec Henry frere de l’Empereur : Baudoüin de Beauvoir en fut le chef et conducteur, et fut suivy entre autres de Hugues de Belines, de Guil-