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[1206] de la conqueste

pouvoient approuver que l’on abandonnast la ville de Constantinople, ny qu’on hazardast ainsi temerairement le peu d’hommes qui leur restoient : toutefois, nonobstant toutes leurs raisons et leurs remontrances, il fut arresté qu’on se mettroit en campagne, et que l’on iroit jusques à Selyvrée. Sur quoy le cardinal legat fit une belle exhortation, donnant pleniére absolution et indulgence à tous ceux qui iroient et mouroient au combat en une si loüable entreprise. Henry estant party de Constantinople avec les trouppes qu’il pût recouvrer, vint jusqu’à Selyvrée, et campa devant la ville l’espace de huit jours ; durant lequel temps luy survenoit de jour en jour nouveaux courriers de la part de ceux d’Andrinople, qui le prioient de vouloir avoir pitié d’eux, et de leur envoyer du secours, sans lequel ils estoient perdus.

224. Henry prit là dessus conseil de ses barons, qui furent d’avis d’aller à Bizye, qui estoit une bonne place, ce qu’ils firent, et se logérent hors l’enceinte des murailles la veille de la feste de Sainct Jean Baptiste en juin ; le mesme jour qu’ils prirent leurs logemens, d’autres courriers d’Andrinople arrivérent pour avertir le Regent que s’il ne secouroit promptement Didymotique elle estoit perdüe, ne pouvant encore tenir huit jours, parce que les perriéres du Bulgare avoient fait bréche en quatre endroits, et les ennemis y avoient desja fait deux assauts, et avoient monté sur les murailles.

225. Le Regent assembla son conseil pour sçavoir ce qu’il avoit à faire en cette occasion : le tout examiné et debatu, fut enfin resolu que l’on iroit la secourir, estans desja venus si avant, que sans en-