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[1205] de la conqueste

donnée, ayans appris la deffaite de Baudoüin et des barons, et comme le marquis avoit perdu la ville de Serres, et voyans que les parens de Renier de Trit, son fils mesme, et son neveu l’avoient abandonné, et le peu de gens qui restoient dans la place, sans esperance que les François se deussent jamais remettre, une partie d’iceux qui estoient Manicheans, vinrent se rendre au Bulgare, et luy dirent que s’il vouloit tirer vers Philippople, ou y envoyer son armée, ils l’en rendroient maistre.

209. Ce qu’ayant esté sceu par Renier de Trit, qui estoit en la ville, et dans la crainte qu’il eut qu’on ne le voulût livrer entre les mains du Bulgare, il prit resolution de sortir avec ce qui luy restoit de gens : et certain jour vint par l’un des fauxbourgs de la ville où les Manicheans, qui s’estoient rendus au roy de Bulgarie, estoient logez, et y mit le feu, qui en consomma une grande partie, puis s’alla jetter dans le chasteau de Stenimac à trois lieuës de là, où il avoit garnison de ses gens ; et depuis y fut long-temps enfermé et siegé par l’espace de treize mois, avec tant d’incommodité et de disette, qu’il avoit esté obligé de manger jusqu’à ses chevaux, sans avoir receu secours ny nouvelles de Constantinople, dont il estoit esloigné de neuf journées. Le roy de Bulgarie cependant fit tourner son armée du costé de Philippople, laquelle ne tarda gueres à se rendre, sous l’asseurance qu’il luy donna d’un bon traitement ; nonobstant laquelle il fit premierement mettre à mort l’archevesque du lieu ; et quant aux principaux habitans, il en fit escorcher les uns tous vifs, et fit decapiter les autres, tout le reste ayant esté mis à la chaîne :