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[1204] de la conqueste

trouppes, et le comte Hugues de Sainct Paul, qui estoit travaillé et detenu de la goutte, qui le tenoit aux genoux et aux pieds.

168. Vers ce mesme temps arriva une grande flotte de la Terre Saincte, de ceux qui avoient abandonné nostre armée pendant qu’elle s’assembloit à Venise, pour s’embarquer aux autres ports, du nombre desquels furent Estienne du Perche et Regnaud de Montmirail cousin du comte de Blois, qui leur fit grand accueil, et fut infiniment rejoüy de leur arrivée. L’empereur Baudoüin et les autres barons françois furent pareillement ravis de les voir, parce qu’ils estoient grands seigneurs, puissans et riches : ils amenérent quant et eux plusieurs braves hommes, parmy lesquels arriva de la Palestine Hugues de Tabarie, Raoul son frere, et Thierry de Tenremonde, avec grand nombre de gens du pays, de chevaliers, de Turcoples, et de gens de pied. Et lors l’empereur Baudoüin donna à Estienne du Perche le duché de Philadelphie[1].

169. Mais d’ailleurs survint une mauvaise nouvelle à l’Empereur, qui l’affligea et l’attrista fort, de la comtesse Marie sa femme, laquelle s’estant croisée avec son mary estoit demeurée grosse en Flandres lors qu’il en partit, et ne l’avoit pû accompagner en son voyage. Cette princesse accoucha depuis d’une fille ; et aprés qu’elle fut relevée elle s’en alla au port de Marseille, pour de là faire voile en la Terre Saincte, et tâcher d’y joindre son mary. A peine fut-elle arrivée en la ville d’Acre, que la nouvelle, lui fut ap-

  1. Philadelphie étoit située dans l’ancien royaume de Lydie, vers la partie occidentale de l’Asie mineure.