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[1204] de la conqueste

156. L’empereur Baudoüin leur dit qu’il se conseilleroit là dessus, et leur feroit sçavoir ses intentions. Plusieurs de ceux de son conseil qui l’avoient porté à cette guerre, tenoient que c’estoit une grande presomption et un grand outrage de la part de ceux de Constantinople de luy envoyer tenir tels discours, et luy dirent : « Sire, vous entendez bien comme ils vous mandent qu’ils ne souffriront point que vous vous vangiez de vostre ennemy : et il semble par telles paroles qu’ils vous donnent assez à entendre que, si vous ne faites ce qu’ils vous mandent, ils se declareront contre vous. » Plusieurs autres propos furent tenus sur ce sujet, dont la conclusion fut que l’Empereur, ne voulant pas desobliger le duc de Venise, ny le comte de Blois, ny les autres qui estoient dans Constantinople, respondit aux deputez : « Je ne veux pas promettre absolument que je me remettray sur eux de nos differens ; mais bien je retourneray à Constantinople sans meffaire davantage au marquis. » Et sur cela l’Empereur poursuivit son chemin, tant qu’il arriva à Constantinople ; au devant duquel sortirent les barons et autres, et le receurent avec grand honneur comme leur seigneur souverain.

157. Dans le quatriéme jour l’Empereur conneût clairement qu’on luy avoit donné mauvais conseil de se broüiller avec le marquis. Sur quoy le duc de Venise et le comte de Blois prirent occasion de luy tenir ce discours : « Sire, nous voulons vous prier de vouloir vous remettre sur nous de vos differends, comme a fait le marquis. » Ce que l’Empereur leur accorda librement. Et en suitte furent choisis des députez