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rent ainsi vers eux. De là en avant il n’y eut plus si bonne intelligence entre les François et les Grecs comme auparavant, ne sçachans neantmoins et les uns et les autres à qui s’en plaindre, ny à qui en attribuer la cause, leur restant le seul déplaisir de cét accident.

109. Vers ce mesme temps arriva un autre malheur qui causa bien de la tristesse aux barons et à ceux de l’armée, qui fut la mort de l’abbé de Los, de l’ordre de Cisteaux, qui estoit un sainct homme et de bonne vie, et qui avoit toûjours travaillé au bien commun de l’armée. L’empereur Alexis demeura de la sorte en campagne fort long-temps, et jusques à la Saint Martin qu’il retourna à Constantinople, où on le reçeut avec grand témoignage de réjoüyssance. Les principaux Grecs, hommes et dames de la ville, allérent à grand cortége et suitte au devant de leurs parens et amis, comme firent aussi les pelerins au devant des leurs. Ainsi l’empereurAlexis rentra en la ville, et se logea au palais de Blaquerne, et le marquis de Montferrat avec les autres barons se retirérent au camp.

110. Cependant le jeune Empereur, estimant avoir de tous points rétably ses affaires, et estre independant de qui que ce fût, vint tout à coup à s’en orgueillir, et à se méconnoistre vers les barons ausquels il avoit tant d’obligation, et qui l’avoient si utilement servi, commençant à les visiter moins souvent qu’il avoit coûtume de faire ; eux d’autre part envoyoient à toute heure vers luy pour avoir raison de l’execution de leur traité, sans qu’ils en pûssent tirer aucune satisfaction, les menant de delay, et faisant de petits et chetifs payemens de fois à autre, tant que le tout