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[1203] de la conqueste

et jurérent sur les saincts Evangiles de bien et fidellement executer leurs commissions, et de retourner au camp.

54. Les trois s’acquittérent de leur parole, mais non pas le quatriéme, qui fut Robert de Boves, lequel fit du pis qu’il pût, et au prejudice du serment qu’il avoit fait s’en alla en Syrie rejoindre les autres de sa faction. Les trois autres firent fort bien leur legation, et ce dont ils estoient chargez de la part des barons, et dirent au Pape : « Les barons vous demandent tres humblement pardon de la prise de Zara, l’ayans fait par contrainte, et ne pouvans mieux par le deffaut de ceux qui se sont embarquez aux autres ports ; et sans quoy ils eussent esté necessitez de rompre le camp, et de s’en retourner sans rien faire : vous asseurans au surplus qu’ils sont prests de recevoir vos commandemens, et de vous obeïr en tout comme à leur bon pasteur et pere. » Le Pape fit réponse aux deputez que il sçavoit bien que par la faute de leurs compagnons ils avoient esté obligez de faire ce qu’ils avoient fait, et qu’il en avoit grand déplaisir. Et là dessus escrivit aux barons, et leur manda qu’il les absolvoit comme ses bons enfans, et qu’il leur ordonnoit et prioit de faire en sorte que l’armée ne se rompit point, parce qu’il sçavoit bien que sans elle on ne pourroit rien entreprendre en la Terre Sainte. Il donna en mesme temps plein pouvoir à Nevelon évesque de Soissons, et à maistre Jean de Noion, de lier et délier les pelerins, jusqu’à ce que le cardinal legat fust arrivé en l’armée.

55. Le caresme venu, ils commencérent à appréter leurs vaisseaux pour partir vers Pasques ; et aprés les