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[1201] de la conqueste

d’huy vivant : Si vous luy mandiez de venir par deçà, et qu’il prit la croix, et lui offrissiez la charge et la conduite de l’armée au lieu du defunt comte de Champagne, je croy qu’il l’accepteroit. » Toutes choses concertées de part et d’autre, il fut résolu et accordé qu’on deputeroit vers luy. A cét effet on fit expédier les depêches, et on choisit des deputez pour l’aller trouver. Ensuitte dequoy il ne manqua de venir au jour assigné, prenant son chemin par la Champagne et par la France, où il fut bien receu, et particulierement du roy de France, duquel il estoit cousin. Ainsi il vint à Soissons, où l’on avoit assigné l’assemblée, et où plusieurs comtes et barons estoient desja arrivez avec grand nombre de pelerins, lesquels, quand ils sceurent qu’il approchoit, luy allérent au devant, et luy firent tout l’honneur qu’ils pûrent.

22. Le lendemain matin l’assemblée se tint en un verger de l’abbaye de Nostre-Dame de Soissons ; où ils requirent tous unanimement le marquis qu’ils avoient mandé, et le priérent au nom de Dieu, se prosternons à ses pieds et pleurans à chaudes larmes, de vouloir prendre la croix, et d’accepter la conduite de l’armée au lieu du feu comte Thibaut de Champagne, et de recevoir ses trouppes et l’argent qu’il avoit destiné pour cette entreprise ; ce que le marquis voyant, mit pareillement les genoux en terre, et leur dit qu’il le feroit volontiers. Ainsi deferant à leurs prieres il se chargea de la conduite de l’armée : et à l’instant l’evesque de Soissons, et messire Foulques, le bon sainct homme duquel nous avons parlé cy-dessus, et deux abbez de l’ordre de Cisteaux que le marquis