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[1201] de la conqueste

et que vous entriez avec eux dans la resolution de venger la honte de nostre commun redempteur, en leur fournissant par vous des vaisseaux et autres commoditez pour leur passage d’outremer. En quelle maniere, et à quelle condition ? fait le Duc. En toutes les manieres et conditions, dirent-ils, que vous leur voudrez proposer ou conseiller, pourveu qu’ils y puissent satisfaire. Certes, dit le Duc aux siens, la demande que nous font ces deputez est de haute consequence, et paroit bien à leurs discours que leur entreprise est grande. » Puis, se tournant vers eux, leur dit : « Nous vous ferons sçavoir nostre resolution dans huit jours, et ne vous étonnez pas si nous prenons un si long terme, car l’affaire que vous nous proposez merite bien que l’on y pense à loisir. »

14. Le jour que le Duc leur avoit designé venu, ils retournerent au palais, où aprés plusieurs discours que je ne vous puis raconter, le Duc finalement leur tint ce langage : « Seigneurs, nous vous dirons ce qui a été arresté entre nous au sujet de vostre affaire, pourveu toutefois que nous y puissions faire condescendre nostre grand conseil, et le reste de la republique, aprés quoy vous aviserez ensemble si vous le desirez accepter. Nous vous fournirons de palandries et vaisseaux plats[1] pour passer quatre mil cinq cens chevaux, et neuf mil escuyers, et de navires pour quatre mil cinq cens

  1. Palandries et vaisseaux plats : Du Cange explique ici le mot palandrie ou palandrin, qui veut dire vaisseau plat. Ville-Hardouin, dans son texte, se sert du mot vuissier ou vissier, qui signifie barque, vaisseau de transport pour les chevaux.