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[1201] de la conqueste

de creance, et portoient en substance que les comtes prioient d’ajouster foy aux porteurs d’icelles, comme on feroit à leurs personnes, et qu’ils tiendroient pour bien fait tout ce que ces six feroient en leurs noms. À cela le duc fit response : « Seigneurs, nous avons veu vos lettres, et en mesme temps reconneu que vos seigneurs sont les plus grands et plus puissans princes d’entre ceux qui ne portent point de couronne. Ils nous mandent que nous ayons à ajouster foy à tout ce que vous nous direz de leur part, et que nous tenions pour ferme et stable tout ce que vous traitterez avec nous : dites donc ce qu’il vous plaira. » À quoi les deputez respondirent : « Sire, nous ne pouvons exposer nostre legation qu’en présence de vostre conseil, devant lequel nous dirons ce dont nous sommes chargez de la part de nos seigneurs, mesme demain, si vous l’avez agreable : » Mais le Duc leur demanda terme jusqu’à quatre jours, et que lors il feroit assembler son conseil, ou ils pourroient faire entendre ce qu’ils demandoient.

13. Le jour venu, ils entrerent dans le palais, qui estoit beau et magnifique, et trouverent le Duc avec le conseil en une chambre, où ils firent entendre le sujet de leur arrivée en cette maniere : « Sire, nous sommes venus devers vous, deputez par les plus grands barons de France, qui ont pris le signe de la croix pour vanger l’injure faite à Jésus-Christ, et pour conquerir Hierusalem, si Dieu le veut permettre : et dautant qu’ils sçavent qu’il n’y a personne au monde qui les puisse mieux aider que vous et vos sujets, ils vous requierent au nom de Dieu que vous preniez compassion de la Terre saincte,