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SUR VILLE-HARDOUIN

douin, on ne verra plus le trône occupé que par des princes incapables de le soutenir ; cet empire semblera pendant quelque temps n’exister que par une sorte de miracle, et la valeur des Français, et des Vénitiens ne servira qu’à prolonger sa douloureuse agonie.

La mort du maréchal de Ville-Hardouin avoit précédé de quelques années celle de l’empereur Henri. Lorsque ses services ne lui étoient pas nécessaires, il vivoit à Messynople, dans les vastes domaines qui lui avoient été donnés par le roi de Thessalonique. La fortune considérable qu’il avoit acquise dans le nouvel Empire ne lui faisoit oublier ni sa patrie, ni sa souveraine, la comtesse Blanche, veuve du jeune prince qui auroit dû jouer le principal rôle dans la croisade. Blanche le consulta souvent sur ses différends avec la couronne de France ; et, par ses conseils, elle conserva les comtés de Blois et de Sancerre qu’on vouloit distraire du patrimoine de son fils. Ses soins s’étendoient aussi sur sa famille. En 1207, il dota l’abbaye de Froyssi et celle de Troyes, où ses sœurs et ses deux filles étoient religieuses, et il mit pour condition de cette dotation qu’elles jouiroient du revenu pendant leur vie.

Son neveu Geoffroy, que nous avons laissé au moment où il entreprenoit avec Guillaume de Champlite la conquête de la Morée, fit une grande fortune. Il succéda dans cette principauté à Guillaume, qui mourut sans enfans. Ses descendans s’y maintinrent jusqu’à la destruction entière de l’Empire grec, et cette branche de la maison de Ville-Hardouin se fondit par la suite dans la maison de Savoie. Le maréchal, parvenu à un âge fort avancé, s’étoit