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SUR VILLE-HARDOUIN

Thessalonique, et la régente sa mère, contre les entreprises du comte de Blandras, tuteur du prince. Ce seigneur avoit formé le projet de donner le trône à Guillaume de Montferrat, que le feu Roi avoit eu de son premier mariage, et qui étoit resté en Italie. Il s’empara donc de Thessalonique, résolu d’en chasser la veuve de son maître, et l’héritier de la couronne. Henri, en noble chevalier, vola au secours des opprimés ; et Ville-Hardouin, qui avoit ses principaux domaines dans ce royaume, partagea la gloire de cette généreuse expédition. Blandras, vaincu, fut d’abord enfermé à Thessalonique, puis relégué en Italie.

Pendant cette guerre, qui fut de longue durée parce que Blandras entama des négociations, et manqua souvent de parole, Henri affermit encore son empire en faisant la paix avec Michel, despote d’Épire, dont le prince Eustache son frère épousa la fille.

L’usurpateur Alexis vivoit encore, et ne perdoit pas l’espoir de remonter sur le trône. Réfugié chez le despote d’Épire, et voyant que ce prince étoit disposé à faire la paix avec Henri, il passa en Asie, comme il en avoit eu depuis long-temps la résolution, et se retira près de son gendre Théodore Lascaris, dont bientôt il devint jaloux. Après l’avoir fatigué de ses prétentions, il le quitta et se retira dans les États du sultan d’Icone, Gaiatheddin, auquel il avoit autrefois rendu de grands services. Bien accueilli par ce nouveau protecteur, il le détermina sans peine à faire la guerre à Lascaris, qu’il traitoit d’usurpateur. Il accompagna le sultan dans une expédition qui avoit pour objet de le placer sur le trône de Nicée. Mais