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NOTICE

royaume la mort imprévue du héros qui l’avoit fondé, pour y faire une invasion. Tout plia devant lui, et l’Empereur ne se trouva pas suffisamment en force pour arrêter ce torrent. Jean, triomphant, vint assiéger Thessalonique, persuadé qu’une veuve désolée, et un enfant en bas âge, étoient incapables de lui résister. Cependant la ville se défendit courageusement ; et, par un coup de la Providence, le roi des Bulgares trouva sous ses murs la punition des horribles excès auxquels il s’étoit livré. On ignore les circonstances de sa mort : tout porte à croire qu’il fut assassiné.

Phrorilas, son neveu, qui lui succéda, leva le siége et se retira dans son pays. Moins habile que son oncle, il voulut jouer le même rôle, et satisfaire ses sujets en leur procurant de nouveau le pillage de l’Empire. S’étant avancé jusqu’à Philippopoli, il rencontra Henri, qui, à la tête d’une armée qu’il avoit eu le temps de discipliner, le défit entièrement, et lui enleva quatre-vingts lieues de pays. Cette bataille mémorable mit fin aux invasions des Bulgares. Les deux États se rapprochèrent, on entama des négociations, et, pour cimenter la paix, Henri se détermina au plus grand sacrifice qu’un souverain puisse faire à son peuple. L’impératrice Agnès de Montferrat étant morte, et le fils qu’il avoit eu d’elle l’ayant suivie au tombeau, il épousa la sœur de Phrorilas, la nièce de celui qui avoit assassiné Baudouin. Depuis cette union, qui dut tant lui coûter, le repos de l’Empire fut assuré, et il ne s’occupa plus que du bonheur de ses sujets.

Son premier soin fut de protéger le jeune roi de