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NOTICE

avec tous les Grecs qui étoient encore mécontens de leurs vainqueurs.

Lascaris, pour enlever à son rival l’appui sur lequel il comptoit le plus, ouvrit des négociations avec le Pape, et lui offrit de reconnoître la suprématie de l’Église latine : il se bornoit, pour le moment, à demander que les Français le laissassent jouir du territoire qu’il occupoit, de manière qu’il y auroit eu deux empires d’Orient, séparés par le Bosphore. Sa tentative n’eut pas de succès : le Pape lui répondit qu’il devoit se soumettre, et offrit seulement de lui ménager des conditions avantageuses.

Lascaris, n’ayant pas réussi de ce côté, et voyant que les Français faisoient des préparatifs sérieux pour l’attaquer, ne craignit pas de traiter avec le roi des Bulgares, de s’en faire un auxiliaire, et de rappeler sur sa patrie les maux dont elle avoit déjà tant souffert. Henri fut donc attaqué par deux ennemis implacables avec une violence qui auroit dû entraîner sa perte, s’il n’eût pas déployé tous les talens d’un grand prince et d’un grand général. Placé entre deux feux, il tint tête partout. On verra dans les Mémoires de Ville-Hardouin comment il sut se tirer des positions les plus difficiles, et payer de sa personne avec une audace qui avoit l’air de la témérité, mais qui, soumise aux calculs de la prudence, portoit au plus haut degré d’exaltation le courage des soldats, sans exposer la fortune de l’Empire. Il battit Lascaris à plusieurs reprises, et fit avec lui une trève de deux ans, peu avantageuse si son trône eût été affermi, mais nécessaire dans la situation où il se trouvoit.

Tous ses efforts se tournèrent alors contre les Bul-