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NOTICE


Le régent ouvrit une négociation avec le roi des Bulgares pour la délivrance de l’Empereur son frère ; mais il n’y avoit rien à espérer d’un prince qui se jouoit des engagemens les plus sacrés. Il demanda en même temps des secours au Pape et aux principales puissances de l’Europe. Comptant peu néanmoins sur une assistance incertaine et éloignée, il tira de ses forces le meilleur parti possible.

Ce fut à cette époque de crise qu’il perdit le plus grand homme de l’armée. Le doge, parvenu à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans, avoit fait, pendant la retraite et dans un état de souffrance, des efforts évidemment supérieurs à ses forces. Les calamités publiques, sans altérer sa fermeté, lui avoient causé de profonds chagrins. En succombant sous le poids des ans et des maux du corps et de l’esprit, le noble vieillard eut du moins la consolation de voir que l’empire à la fondation duquel il avoit tant contribué, seroit soutenu par celui qui en avoit pris courageusement les rênes dans une situation désespérée. Henri Dandolo termina sa glorieuse carrière le jour de la Pentecôte 1205, et fut enterré avec grande pompe à Sainte-Sophie.

Le roi des Bulgares, ayant dévasté tout le pays situé entre Andrinople et Constantinople, se porta sur le royaume de Thessalonique pour y exercer les mêmes ravages. Le régent rétablit aussitôt son autorité dans ces contrées, cherchant par une administration douce à faire oublier aux habitans leurs anciens griefs, et à leur faire préférer la domination des Français au joug des Bulgares, dont ils venoient de sentir le poids. Ces défenseurs qu’ils avoient appelés de leurs vœux,