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FEMMES ARABES

c’est pour quelque chose, certes, que se sont unis des hommes et des arbres. »

On ne tint compte de l’avis.

Au matin, le Tobba surprit les Djadîcides, les massacra, les extermina, ruina leur pays. Zarkâ fut amenée au roi himiaride, et il lui demanda : « Qu’est-ce que tu as vu ? — J’ai vu des arbres derrière lesquels marchaient des hommes. » À cette réponse, le roi ordonna qu’on arrachât les yeux à Zarkâ et qu’ensuite on la pendit à la porte de la ville de Djaû. Le Tobba changea le nom de cette ville et l’appela Yamâmah, du surnom de Zarkâ (258 de J.-C.).

Aswad, le meurtrier d’Imlyk, échappa au carnage, et s’enfuit avec sa sœur et une petite troupe de Djadicides. Ils se réfugièrent jusque sur les monts Adja et Selma, où plus tard vint s’impatroniser la tribu des Tayïdes ou Béni Tay[1]. Primitivement, les Béni Tay habitaient le Djourf, pays élevé, auprès des montagnes limitrophes de l’Yémen au Nord, et où, dans la suite, s’installèrent les Béni Mourâd et les Béni Hamdân. La vallée spécialement occupée par les Béni Tay, tribu faible encore et peu nombreuse, était un repaire de bêtes féroces.

Or, à chaque automne, un chameau étranger venait chez les Tayïdes, et il repartait quelque temps après ; personne ne savait où il s’en retournait. Il ne reparaissait plus que l’année suivante. Déjà les nombreuses tribus des Azdides ou Béni Azd avaient, depuis nombre d’années, émigré de l’Yémen, chassés par la grande inondation qu’amena la rupture des fameuses digues sabéennes.


Les Tayïdes s’ennuyèrent du séjour triste et sauvage de leur vallée. « Les autres tribus qui ont abandonné l’Yémen, répétaient-ils, ont poursuivi plus loin leur route, cherchant une région, une terre bienveillante où ils pussent se fixer ; partons aussi. » Un jour donc ils disent à Sâmah leur chef,

  1. Prononcez ay comme notre interjection aïe !