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Sabaïe ; j’ai vu Mâreb, la capitale de l’empire des descendants de Saba ; je t’en apporte des notions positives — Voyons ! — J’ai aperçu la une reine d’une éblouissante beauté, Bilkîs, de la postérité de Mâlek, fils de Rayân. — Très-bien. Mais nous allons éprouver si tu nous dis vrai. » Et Salomon écrivit aussitôt la lettre que voici :

« De la part du serviteur de Dieu, Salomon fils de David, à Bilkîs, reine de Saba.

« Au nom de Dieu miséricordieux et clément ! Salut pour qui marche dans la voie droite.

« Or sus, ne te glorifie pas et ne t’élève pas au-dessus de moi ; viens, et suis ma parole. »

Salomon mit à cette lettre un cachet de musc et y appliqua son sceau. Puis il dit à la huppe : « Prends cette lettre ; va la jeter à Bilkîs, puis éloigne-toi aussitôt, mais à peu de distance, et place-toi de matière à tout voir et tout entendre sans être aperçue. » La huppe prend la lettre dans son bec et part. Pendant que voyage la huppe, contons la naissance de la belle reine sabéenne.

Le père de Bilkis s’appelait Zou Chark. Il eut quarante fils. Mais, de toute sa famille, il ne conserva qu’un fils et Bilkîs, l’avant-dernière de ses enfants, et qu’il eut de Rîhânah fille de Sakan et d’une djinnah (djinn femelle). Un jour que Zou Chark était à la chasse, il vit deux gros serpents, l’un blanc, l’autre noir, se battant avec fureur. Le blanc allait être vaincu. Le roi tue le serpent noir, et emporte le serpent blanc. Zou Chark, rentré dans son palais, asperge le serpent de quelques gouttes d’eau, sort et laisse le reptile reprendre ses forces. Zou Chark revient peu après ; mais voilà qu’à l’endroit où il avait déposé l’animal, il trouve un homme. Le roi s’arrête épouvanté. « Ne crains rien, lui dit l’homme ; je suis le serpent blanc a qui tu as sauvé la vie. Le serpent noir, que tu as abattu, était un misérable esclave qui avait donné la mort à plusieurs