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AVANT L’ISLAMISME

Palmyre ; et une conversation assez courte s’engage sur la sagesse ou sapience du Grand Roi. À la suite, des félicitations mutuelles, des présents splendides ; et la reine part, retourne en son royaume au fond de l’Yémen. Mais les Arabes ne voient là qu’un dénouement incomplet. Ils ont, au moins pour un temps, fait embrasser et marier l’Arabie et la Judée. En conduisant ce récit, ils l’ont semé de merveilles, ils ont exagéré les détails du tableau ; ils ne paraissent pas se douter que l’exagération est la rhétorique des esprits faibles, et la logique des esprits faux.

D’après les généalogies arabes et génésiaques, Saba, qui donna son nom à la Sabaïe ou pays des Sabéens dans l’Yémen ou Arabie méridionale, était arrière-petit-fils de Kalitân (le Joctân de la Bible), et troisième arrière-petit-fils de Noé. Les deux fils de Saba, Himiar et Halilân, furent ensuite la double souche de deux populations. Mais plus tard, les Sabéens et les descendants de Himiar et de Kahlân se réunirent et ne formèrent plus qu’un seul peuple sous le nom de Himiarites (les Homeritœ de Pline l’ancien). Les Sabéens n’eurent donc pas une longue existence individuelle, distincte. Néanmoins, il parut à intervalles, sur le trône de Himiar, des rois du sang sabéen proprement dit. Car les Thamaminah, c’est-à-dire les Octaves, étaient huit grandes familles en possession du droit de succession au trône ; c’était parmi elles qu’on élisait un nouveau roi, lorsque le chef de l’État mourait sans héritier direct. Ces huit familles arrivèrent à avoir un nombre de quatre mille princes ou akouâl, c’est-à-dire paroles ; ils avaient le privilège exclusif de parler directement au roi, et le roi ne recevait de communication que d’eux, ne parlait qu’à eux, et ne consultait qu’eux. Seuls ils composaient la cour et l’entourage du souverain.

On donnait le titre de Kaïlân, comme nous disons l’Infant, le Dauphin, à l’héritier présomptif du trône, à celui