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elles ont les mêmes avantages. A vous dire le vrai, de quelque humeur que soient les femmes, je ne me rencontre guère avec elles, ou si je m’y rencontre quelquefois, je n’y demeure pas longtemps : ma sincérité leur déplaît et elles sont tellement accoutumées à la flatterie qu’elles rompent aisément avec leurs mielleuses amies, dès la première vérité qu’elles leur disent. Néanmoins ce qui m’empêche d’avoir grand commerce avec elles, ce n’est pas tant parce qu’elles se disent leurs vérités que parce qu’elles ne se les disent pas ; car enfin, si une femme s’aperçoit que son amie a quelque défaut dont elle pourrait se corriger, si elle-même le connaissait ne pensez pas qu’elle l’en avertisse ; elle aura une maligne joie de voir que ce défaut lui donne avantage sur elle ; et même si une coiffure ou un ajustement lui sied