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NÊNE.

Comme à l’habitude les Corbier et les Daru du Gros Châtaignier avaient réuni leur monde et battaient le même jour.

Cette année, la campagne de battage s’achevait chez eux. À cause de cette date tardive, l’entrepreneur leur avait consenti un marché doux, mais ils n’y gagneraient point à cause des ripailles inévitables.

On était au samedi, jour maigre pour les Dissidents, gras pour les catholiques. Chez les Corbier on avait dressé deux tables, crainte de dispute entre gars échauffés.

À la soupe du matin, cela avait très bien marché. Les Corbier avaient pour leur part trente-cinq hommes de tout âge et de religions différentes. Depuis plus d’un mois que le battage durait dans le pays, ces gens étaient habitués à se rencontrer et à travailler ensemble et les querelles étaient rares.

Cuirassier était venu pour son patron, un Rivrard de La Combe. Durant toute cette campagne il n’avait pas bu. Madeleine, qui craignait pour cette dernière journée, l’avait arrêté dans le corridor de la maison.

— Tu sais, pas de bêtises ici… ça me ferait chagrin.

Il avait répondu.