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— Jo, mon petit Jojo… dis : ma-man, ma-man…

Elle levait les yeux suppliants. Sa tendre émotion de la soirée aboutissait à ce vertige étrange, inconnu, qui ressemblait à un vertige d’amour… Elle ne savait plus… elle n’avait pas honte…

— Jo ! écoute !… ma-man ! ma-man !

— Madeleine !

Ses épaules fléchirent, le sang lui sauta au cœur, Corbier était à dix pas, derrière la haie !

Une seconde, les yeux de Madeleine s’élargirent ; une seconde, une grande clarté fut en elle… Puis tout s’éteignit. Corbier, blanc de visage, levait la main comme pour jeter ses paroles :

— Madeleine ! c’est péché mortel !… Je vous défends cette abomination !

Trois jours durant ils furent silencieux l’un devant l’autre.

À l’heure des repas, Madeleine faisait manger les enfants et mangeait elle-même, debout, près de la cheminée, sans une parole.

Corbier parlait à son père ou à ses valets sans jamais tourner la tête vers sa servante. Contre son habitude, Boiseriot faisait le plaisant et, sous la visière rabattue, ses yeux de loup luisaient de joie maligne.

Le second jour, dans la grange, Michel avait ré-