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NÊNE.

À l’ombre d’un chêne, elle s’assit et cassa les noisettes. Avec son couteau de cérémonie, qu’elle prenait seulement pour les noces et les grands repas, elle cassa les noisettes rousses, guettées par deux petits becs gourmands.


« Suis descendue dans mon jardin,
« M’est avis que je vole, Colin !
« Y cueillir rose et romarin.
« M’est avis que je vole !


Voilà qu’elle chantait ! Pourquoi cette légèreté de cœur ? Ce couteau de nacre, si mignon, si frêle qu’elle le sentait à peine dans sa main, était-ce un cadeau de galant ? Non… il lui rappelait de longs repas de viande, mais rien de joli, rien de doux à l’âme… Alors, était-ce parce que la prairie était belle ?… était-ce parce que l’étang brillait ?… parce que les enfants riaient et qu’ils sentaient bon comme les herbes d’agrément ?…

Eh bien, non ! non ! dans tout cela, il n’y avait pas de raison…


« Un rossignol vient dans ma main,
« M’est avis que je vole, Colin !


Jo voulait chanter aussi ; Lalie faisait Yôu, Yôuôu !


« Puis il me dit dans son latin,
« M’est avis que je vole !


La douceur était sur Madeleine comme une main posée. Elle sentait trembler en sa poitrine une joie