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jour, de ne pas toucher aux pistolets et au cadre. Elle en avait été vexée car elle se croyait capable.

De temps en temps, le soir, quand les hommes étaient couchés, il lui prenait envie de fourbir un bon coup ces canons rouillés qu’elle aurait, en un tour de main, rendus aussi brillants que ses chandeliers ou ses pincettes.

Elle n’osait pas cependant, retenue devant ces vieilles choses par une vague idée de péché.

Lorsqu’elle était ainsi seule, débarrassée de ses gens, elle faisait un travail rapide et silencieux. Libre de tous ses mouvements, elle retrouvait son allure avantageuse. Elle rangeait chaque chose et préparait tout pour le travail du lendemain. Un jour sur deux, elle prenait ses torchons et cirait ses meubles à tour de bras. Cela par orgueil de servante réputée.

Quand elle avait fini, elle rapprochait de son lit le berceau du petit et se glissait avec précautions à côté de Lalie.

Les premières nuits n’avaient pas été bonnes. Lalie se mottait comme un petit poulet, la tête dans le cou de Madeleine : celle-ci, habituée à coucher seule, avait mal dormi d’abord, chatouillée et gênée d’haleine.

Mais maintenant elle y était faite. Quand l’enfant glissait, Madeleine ne manquait pas de se réveiller à demi et de ramener la petite tête sur sa poitrine.