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PRÉFACE.

retenir ; il les a mis dans son creuset et, avec une application qui ne rappelle jamais l’effort, il les a fondus ; puis il a recréé de la vie. À l’exemple des meilleurs de nos maîtres, ajoute-t-il à la vérité pour la rendre plus frappante ? Nous ne voyons pas les traits qui devraient porter sa signature. Retranche-t-il des parties inutiles ? La vérité qu’il nous livre ne nous en paraît pas desséchée.

Tout est simple, chez lui ; tout est à l’image de son pays qui n’est pas grandiose et qui n’est pas bruyant. La terre y est franche, les êtres y sont burinés avec une netteté qui rappelle la manière des plus grands dessinateurs parmi les primitifs. Ils sont faits pour leur pays, et partout le pays règne en maître, et partout il est peint avec des mots précis et savoureux que l’on ne peut oublier.

Cette histoire de Nêne, où il y a des parties âpres comme ces parcelles rocailleuses, incultivables, coincées entre deux champs gonflés de richesses, recèle des pages d’une tendresse de jeune prairie.

Parcourez la contrée où l’auteur a placé l’action de son livre : vous y trouverez des champs — champs d’avoine, champs de blé, tranaines, betteraves, prés ; vous y trouverez ruisseaux, mares, étangs, landes, boqueteaux, larges routes et chemins creux… Je ne puis choisir une meilleure image pour rendre l’impression de ce roman, divers comme son pays, aimable et solide, séduisant et, parfois, sévère comme lui.

Enfin, l’écrivain a eu cette rare fortune d’être placé là où existe encore un schisme actif en France, d’en