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LA PARCELLE 32

— Il n’y a pas de champs semblables autour d’ici, dit à son tour Bernard ; Honoré lui-même n’en possède pas d’aussi grands !

— Il n’en possède pas ! dit Mazureau avec orgueil. Toi, Bernard, tu feras mieux que je n’ai fait… Il y a encore de belles terres autour de celles-ci… C’est également mon désir que tu t’agrandisses du côté des Jauneries.

Bernard pensa que c’était beaucoup parler et que le travail n’était pas fini. Il s’approcha de la charrue.

— Cette fois, dit-il, c’est mon tour !

Le grand-père lui remit les mancherons et dit :

— Va, maintenant ! Bernard Mazureau, laboure ton champ !

Le jeune gars poussa l’areau et les bêtes démarrèrent.

Le grand-père fut un instant immobile à regarder la terre s’ouvrir. L’émotion le serrait à la gorge et lui piquait les yeux ; ses jambes se mirent à trembler. Il passa dans le cimetière et s’assit.

Le jeune gars s’en allait vers le soleil levant, d’une belle allure régulière. Arrivé à la route, il fit tourner ses bêtes avec sûreté et l’attelage remonta.

Le grand-père murmura :

— Mazureau, laboure ton champ !

Il se leva soudain, se rassit, se leva encore… Il se sentait ivre ; une paresse étrange coulait en ses membres ; il lui semblait qu’un bourdonnement infini emplissait sa poitrine, emplissait sa tête, emplissait le monde.

Bernard revenait. Mazureau voulut s’avancer vers lui ; il voulut l’appeler ; il souhaita obscuré-