Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
la guerre des boutons


préalablement mouillé et savonné, lui râpait vigoureusement la face, le cou et les plis des oreilles, et quant au fond d’icelles, il était curé non moins énergiquement avec le coin du linge mouillé tortillé en forme de vrille. Ce jour-là, Lebrac s’abstint de brailler et, quand on l’eut nanti de ses vêtements du dimanche, on lui permit, lorsque sonna le second coup de la messe, de se rendre sur la place en lui faisant toutefois remarquer, avec une ironie totalement dépourvue d’élégance, qu’il n’avait qu’à recommencer comme la veille !

Toute l’armée de Longeverne était déjà là, pérorant et jacassant, remâchant la défaite et attendant anxieusement le général.

Il entra simplement dans le gros de la bande, légèrement ému toutefois de tous ces yeux brillants qui l’interrogeaient muettement.

— Ben oui ! fit-il, j’ai reçu la danse. Et puis quoi ! on n’en crève pas, « pisque » me voilà !

N’empêche que nous leur z-y devons quéque chose et qu’ils le paieront.

Cette façon de parler, qui semblerait au premier abord, et pour quelqu’un de non initié, dépourvue de logique, fut pourtant admise par tous et du premier coup, car Lebrac fut appuyé dans son opinion par d’unanimes approbations.

— Ça ne peut aller comme ça, continuait-il ! Non, faut absolument trouver quéque chose. J’veux plus