Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
la guerre des boutons


portait le « lécher » aux vaches. Il était temps qu’il se levât et accomplît la besogne qui lui était dévolue chaque dimanche matin, savoir : décrotter et astiquer les cinq paires de souliers de la famille, emplir de bois la caisse et d’eau les arrosoirs, s’il ne voulait pas encourir de nouveau les rigueurs de la correction familiale.

Il sauta du lit et mit sa casquette ; puis il porta les mains à son derrière qui était chaud et douloureux, et, n’ayant pas de glace pour y mirer ce qu’il voulait, tourna autant qu’il put la tête sur les épaules et regarda :

C’était rouge avec des raies violettes !

Étaient-ce les coups de verge de Migue la Lune ou les marques de la trique du père ? Tous les deux sans doute.

Un nouvelle rougeur de honte ou de rage lui empourpra le front :

Salauds de Velrans, ils lui paieraient ça !

Immédiatement il enfila ses bas et se mit en quête de son vieux pantalon, celui qu’il devait porter chaque fois qu’il avait à accomplir une besogne au cours de laquelle il risquait de salir et de détériorer ses « bons habits ». C’était, fichtre ! bien le cas ! Mais l’ironie de sa situation lui échappa et il descendit à la cuisine.

Il commença par mettre à profit l’absence de sa mère pour chiper dans le dressoir un gros quignon