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la guerre des boutons


Grangibus narquois, tandis que l’autre, ayant remis sur son tricot qui ne boutonnait plus sa blouse qui pendait en marchand de biques, essayait en vain de rassembler dans son pantalon les pans de sa chemise débraillée.

— Va voir maintenant ce que veut te dire ta mère, acheva Camus, retournant le poignard dans la plaie.

Et lent, dans le soir qui tombait, traînant les pieds où ses souliers tenaient à peine, Migue la Lune, pleurant, geignant et sanglotant, rejoignit dans le bois ses camarades à l’affût qui l’attendaient anxieusement, l’entourèrent et lui portèrent aide et secours autant qu’il était en leur pouvoir de le faire.

Et là-bas, au levant où leur groupe se distinguait mal maintenant dans le crépuscule, retentissaient les cris de triomphe et les insultes narquoises des Longevernes victorieux.

Lebrac, enfin, résuma la situation :

— Hein ! on leur z’y a posé ! Ça leur apprendra à ces Alboches-là !

Puis, comme rien de nouveau n’apparaissait à la lisière, cette journée étant définitivement la leur, ils dévalèrent le communal de la Saute jusqu’à la carrière à Pepiot.

Et de là, par rangs de six, bras dessus, bras dessous, Lebrac de côté, le bâton brandi, Camus