Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
la guerre des boutons


de sons humainement articulés ; mais, par contre, il s’était copieusement rattrapé en beuglements, en rugissements, en hennissements, en hurlements qui auraient pu rendre jaloux tous les animaux sauvages de la création.

Et naturellement tous les jeunes Longevernois se couchèrent ce soir-là sans souper ou bien eurent pour toute pitance, avec le morceau de pain sec, la permission d’aller boire un coup à l’arrosoir ou au bassin[1].

On leur défendit le lendemain de s’amuser avant la classe, on leur ordonna de rentrer immédiatement après onze et quatre heures ; interdiction aussi de parler aux camarades, recommandation au père Simon de donner des devoirs supplémentaires et des leçons itou, de veiller à l’isolement, de punir dur et de doubler chaque fois qu’un audacieux oserait troubler le silence et enfreindre la défense générale donnée de concert par tous les chefs de famille.

À huit heures moins cinq minutes on les lâcha.

Les Gibus, arrivant, voulurent interpeller Tintin, qui filait sous les yeux de son père, Tintin, les yeux rouges et les épaules renfoncées, qui eut en les

  1. Quand j’étais enfant, chez presque tous les paysans, on mettait la provision d’eau dans des seilles de bois ; on y puisait à l’aide d’un bassin de cuivre. Quand on avait soif, chacun pouvait aller boire au bassin.