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la guerre des boutons


de leur acte, on va d’abord lui nettoyer tous ses boutons pour reconstituer un noyau de trésor et remplacer en partie celui qui nous a été volé par ses amis les Velrans.

— Mes habits du dimanche ? sursauta le prisonnier.

J’veux pas, j’veux pas ! je l’dirai à nos gens[1] !

— Chante toujours, mon petit, tu nous amuses ; mais tu sais, tu n’as qu’à recommencer à cafarder pour voir un peu, et j’te préviens que si tu brailles trop fort ici on te la boucle, ta gueule, avec ton « tire-jus », comme on a fait à l’Aztec des Gués.

Comme ces menaces ne décidaient point Bacaillé à se taire, on le bâillonna et on fit sauter tous ses boutons.

— Ce n’est pas tout ça, n. d. D., reprit La Crique, si on ne fait que ça à un traître, c’est vraiment pas la peine ! Un traître !… c’est un traître ! n. d. D. et ça n’a pas le droit de vivre !

— On va le fouetter, proposa Grangibus, chacun son coup puisqu’il nous a fait du mal à tertous.

On ligota de nouveau Bacaillé nu sur les planches de la table démolie.

— Commencez ! ordonna Lebrac.

Un à un, la baguette de coudre à la main, les quarante Longevernes défilèrent devant Bacaillé, qui, sous leurs coups, hurlait à fendre le roc, et ils lui

  1. Nos gens, expression comtoise pour « mes parents ».