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la guerre des boutons


— Oui, fit l’autre affolé, oui !

Et le bancal, toujours maintenu par des ficelles et des mouchoirs roulés en forme de lien, au milieu du cercle menaçant et furibond des guerriers de Longeverne, avoua par petites phrases qu’il était en effet revenu de Baume avec Boguet de Velrans et le père d’icelui, qu’ils s’étaient arrêtés chez eux, là-bas, pour boire un litre et une goutte, et qu’il avait, étant saoul, raconté, sans croire mal faire, où se trouvait la cabane de Longeverne.

— C’est pas la peine d’essayer de nous monter le cou, tu sais, coupa La Crique, j’ai bien vu la gueule que tu faisais en rentrant de Baume, tu savais bien ce que tu disais ; et en venant ici tout à l’heure, nous t’avons bien vu aussi. Tu savais !

— Tout ça, « c’est passe que tu bisques » de ce que la Tavie aime mieux Camus. Elle a sûrement raison de se foutre de ta gueule ! Mais est-ce qu’on t’avait fait du mal après l’affaire de vendredi ? Est-ce qu’on t’a seulement empêché de revenir te battre avec nous ? Pourquoi alors que tu te venges aussi salement ! T’as pas « d’escuses » !

— Voilà, conclut Lebrac, serrez les nœuds. On va le juger.

Un grand silence tomba.

Camus et La Crique, geôliers sinistres, barraient toujours le seuil. Une houle de poings se tendaient