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la guerre des boutons


— Regardez et vous le verrez, le traître ! reprit Lebrac, fixant Bacaillé de ses yeux de loup.

— C’est pas vrai ; c’est pas vrai ! balbutia le bancal qui rougissait, blêmissait, verdissait, tremblait devant cette accusation muette comme toute une frondaison de bouleau et chancelait sur ses jambes.

— Vous voyez bien qu’il se dénonce tout seul, le traître. Le traître, c’est Bacaillé ! là, le voyez-vous ?

— Judas ! va, hurla Gambette, terriblement ému, tandis que Grangibus, frémissant, lui posait la griffe sur l’épaule et le secouait comme un prunier.

— C’est pas vrai, c’est pas vrai ! protestait de nouveau Bacaillé ; quand est-ce que j’aurais pu leur dire, moi, je ne les vois pas, les Velrans, je ne les connais pas !

— Silence, menteur ! coupa le chef, nous savons tout. Jeudi la cabane était intacte, c’est vendredi qu’on l’a sacquée, puisqu’hier elle y était déjà. Allez, dites-le, ceux qui sont venus hier soir avec moi !

— Nous le jurons, firent ensemble Camus, Tintin et La Crique, levant la main droite préalablement mouillée de salive et crachant par terre, serment solennel.

— Et tu vas dire, canaille, ou je t’étrangle, t’en-