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la guerre des boutons


dans les mains, sembla s’abandonner à son désespoir.

Personne ne songeait à sortir : on criait, on menaçait ; puis l’effervescence de cris se calma et cette grande colère bruyante et vaine fit place à la prostration qui suit les irréparables désastres.

Camus et La Crique gardaient toujours la porte.

Enfin Lebrac, relevant la tête et se redressant, montra sa figure ravagée et ses traits crispés.

— C’est pas possible, rugit-il, que les Velrans aient fait ça tout seul ; non, c’est pas possible qu’ils aient réussi à trouver not’cabane sans qu’on leur ait enseigné où elle était ! C’est pas possible, on leur a dit !

Il y a un traître ici !

Et son accusation proférée tomba dans le grand silence comme un coup de fouet cinglant sur un troupeau désemparé.

Les yeux s’écarquillèrent et papillotèrent. Un silence plus lourd plana.

— Un traître ! reprirent en écho lointain et affaibli quelques voix, comme si c’eût été monstrueux et impossible.

— Un traître ! oui ! tonna derechef Lebrac. Il y a un traître et je le connais.

— Il est ici, glapit La Crique, brandissant son épieu d’un geste exterminateur.