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la guerre des boutons


On sortait du bois, on allait arriver, on s’engageait dans les chemins creux.

— Ah ! nom de Dieu ! s’exclama Lebrac s’arrêtant, et, ainsi que c’était convenu, jouant la rage et la surprise, comme s’il eût tout ignoré.

Il y eut un vacarme effroyable de cris et de bousculades pour voir plus vite, et ce fut bientôt un concert farouche de malédictions.

— Bon Dieu de bon Dieu ! c’est-y possible !

— Cochons de cochons !

— Qui est-ce qui a bien pu faire ça ?

— Le trésor ?

— Rien, pus rien ! râlait Grangibus.

— Et notre toit, et nos sabres, not’arrosoir, nos images, le lit, la glace, la table !

— Le balai ?

— C’est les Velrans !

— Pour sûr ! qui ça serait-il ?

— Peut-on savoir, hasarda Bacaillé, pour dire quelque chose lui aussi.

Tous étaient entrés derrière le chef. Seuls, Camus et La Crique, sombres et silencieux, leur trique au poing, comme le Chéroub au seuil du paradis perdu, gardaient la porte.

Lebrac laissa ses soldats se plaindre, se lamenter et hurler ainsi que des chiens qui sentent la mort. Lui, comme écrasé, s’assit à terre, au fond, sur les pierres qui avaient contenu le trésor, et, la tête