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la guerre des boutons


— Parlez plus de ces bêtes-là, demanda Camus, moi je crois quand même que ça porte malheur.

— Faut pas être « superticieux », Camus. C’était bon pour les gens du vieux temps, maintenant on est civilisé, y a la science…

Et l’on continua à marcher, tandis que La Crique interrompait sa phrase et l’éloge des temps modernes pour éviter la caresse brusque d’une branche basse qu’avait déplacée le passage de Lebrac.

À la sortie de la forêt on obliqua vers la droite pour gagner les carrières.

— Les autres ne nous ont pas vus, remarqua Lebrac. Personne ne sait qu’on est venu. Ah ! notre cabane est vraiment bien cachée !

On fit chorus. Ce sujet était inépuisable.

— C’est moi « que je l’ai trouvée » ! hein ! rappela La Crique, riant d’un large rire triomphant malgré son œil au beurre noir.

— Entrons, coupa Lebrac.

Un cri de stupéfaction et d’horreur jaillit simultanément des quatre poitrines, un cri épouvantable, déchirant, où il y avait de l’angoisse, de la terreur et de la rage.

La cabane était dévastée, pillée, ravagée, anéantie.

Des gens étaient venus là, des ennemis, les Velrans assurément ! Le trésor avait disparu, les armes étaient