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la guerre des boutons


tre l’ennemi, mais bien d’aller faire un petit tour à la cabane, la chère cabane qui abritait le trésor et où l’on était si tranquille et si bien pour faire la fête.

Ils ne confièrent à personne leur projet, pas même aux Gibus et à Gambette. À quatre heures, ils partirent chacun vers son domicile respectif et, un moment après, se retrouvèrent à la vie à Donzé pour gagner, à travers le bois du Teuré, l’emplacement de la forteresse.

Chemin faisant ils parlaient de la grande bataille du jeudi. Tintin, son bras en écharpe, et La Crique, un bandeau sur l’œil, deux des plus maltraités de la journée, revivaient avec délices les coups de pieds qu’ils avaient foutus et les coups de trique qu’ils avaient distribués avant de recevoir, l’un le poing de Touegueule dans l’œil, l’autre le bâton de Pissefroid sur le radius… ou le cubitus.

— Il a fait han ! comme un bœuf qu’on assomme, disait Tintin en parlant de son grand ennemi Tatti, quand j’y ai foutu mon talon dans l’estomac ; j’ai cru qu’il ne voulait pas reprendre son souffle : ça lui apprendra à me refiler ma culotte.

La Crique évoquait les dents cassées et les crachats rouges de Touegueule recevant son coup de tête sous la mâchoire et tout cela leur faisait oublier les petites souffrances de l’heure présente.

On était maintenant sous bois, dans le vieux