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la guerre des boutons


par son cri, fonçaient comme des catapultes sur la muraille désarmée des Velrans.

Ah ! cela ne fit pas un pli. Le bloc vivant des Longevernes, triques sifflant, vint frapper, hurlant, la ligne ahurie des Velrans. Tous furent culbutés du même coup et beugnés de coups de triques terribles, tandis que le chef, martelant de ses talons Touegueule épouvanté, lui reprenait d’un tour de main la culotte de son ami Tintin en jurant effroyablement.

Puis, en possession du vêtement reconquis avec l’honneur, il commanda sans hésitation la retraite qui se fit en vitesse par cette même tranchée du milieu que les ennemis venaient de quitter.

Et tandis que, piteux et roulés une fois de plus, ils se relevaient, le sous-bois silencieux retentissait des rires, des huées et des vertes injures de Lebrac et de son armée regagnant leur camp au galop derrière la culotte reconquise.

Bientôt ils arrivèrent à la cabane où Gambette, Boulot et Tintin, ce dernier très inquiet sur le sort de son pantalon, entouraient la Marie qui, de ses doigts agiles, achevait de remettre aux vêtements de son frère les indispensables accessoires dont ils avaient été rudement dépouillés.

La victime cependant, sa blouse descendue comme un jupon par pudeur pour le voisinage de sa sœur, reçut son pantalon avec des larmes de joie.