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la guerre des boutons


Pour se défendre, ce dernier les récusa, alléguant leur absence du lieu du conflit au moment où il éclatait ; il insista même sur leur éloignement et leur isolement suspects dans un coin retiré de la cour.

— Demandez aux petits, alors, m’sieu, répliqua vertement Camus, demandez-leur-z-y, eux ils étaient là, peut-être.

Les petits, individuellement interpellés, répondirent invariablement :

— C’est comme Camus dit, que c’est vrai, Bacaillé a dit des mentes[1].

— C’est pas vrai, c’est pas vrai, protesta l’accusé ; c’est pas vrai et puisque c’est ça je veux dire tout, na !

Lebrac fut énergique et prit les devants.

Il se campa résolument devant lui, à la barbe du père Simon intrigué de ces petits mystères, et, fixant Bacaillé de ses yeux de loup, il lui rugit à la face, le défiant de toute sa personne :

— Dis-le donc un peu ce que tu as à dire, menteur, salaud, dégoûtant, dis-le, si tu n’es pas un lâche !

— Lebrac, interrompit le maître, si vous ne modérez pas vos expressions, je vous punirai vous aussi.

— Mais, m’sieu, répliqua le chef, vous le voyez bien que c’est un menteur ; qu’il le dise si on lui a jamais

  1. Mentes pour menteries ou mensonges