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la guerre des boutons


chacun une retenue ; ensuite de quoi, assuré pour son compte, après ce coup de force, d’avoir la paix, il voulut bien connaître les causes de cette subite et violente querelle.

Une retenue à Camus ! pensait Lebrac. Comme ça tombe bien ! On a justement besoin de lui ce soir. Les Velrans vont venir et on ne sera pas de trop.

— J’ai toujours pensé, quant à moi, rappela Tintin, que ce sale bancal jouerait un vilain tour à Camus un jour ou l’autre. Mon vieux, au fond, c’est parce qu’il est jaloux de la Tavie et qu’elle se fout de sa fiole.

« Depuis longtemps déjà il cherche à embêter Camus et à le faire punir. Je l’ai bien vu et La Crique aussi, y avait pas besoin d’être sorcier pour le remarquer.

— Mais pourquoi se sont-ils donc attrapés comme ça ?

Un petit renseigna discrètement Lebrac et ses féaux… Tous étaient d’ailleurs d’avance convaincus que, dans cette affaire, Camus avait raison ; ils l’étaient d’autant plus que le lieutenant avait toute leur sympathie et qu’il était nécessaire à la bande ce soir-là ; aussi, spontanément, songèrent-ils à tenter avec ensemble une manifestation en sa faveur et à prouver par leur témoignage que, en l’occurrence, Bacaillé avait tous les torts, tandis que son rival était innocent comme le cabri qui vient de naître.