Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
la guerre des boutons


leur fasse avoir du soleil pour bien faire les foins.

« Malheureusement, le même jour, le curé de Velrans avait décidé de conduire ses oies, – c’est comme ça qu’on dit, je crois…

— « Non, c’est ses oilles[1], rectifia Camus.

— « Ses oilles, alors, si tu veux, reprit La Crique, à la même Sainte Vierge, passe que y en a pas des chiées de saintes vierges dans le pays, avec tous les trucs de saint sacrement et autres fourbis : eux ils voulaient de la pluie pour leurs choux qui ne tétaient pas…

« Alors bon ! les voilà partis de bonne heure, le curé en tête avec ses surplis et son calice, les servants avec le goupillon et l’ostensoir, le marguillier avec ses livres de Kyrie ; derrière eux venaient les gosses, puis les hommes et pour finir les gamines et les femmes.

« Quand les Longevernes ont passé le bois, qu’est-ce qu’ils voient ?

« Pardié ! toute cette bande de grands dépendeurs d’andouilles de Velrans qui beuglaient des litanies en demandant de l’eau.

« Vous pensez si ça leur a fait plaisir aux Longevernes, eux qui venaient justement pour demander du soleil.

« Alors, ils se sont mis de toutes leurs forces à

  1. C’est ouailles, que voulais dire Camus