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la guerre des boutons


onze ! Onze ! répéta-t-il. Voyons, trois fois onze trente-trois, quatre fois onze quarante-quatre !

– Merde ! bon dious ! nous sommes quarante-cinq, un de trop ! il y en a un qui s’en passera.

Tigibus, à croupetons devant son brasier, entendit cette exclamation sinistre et, d’un geste et d’un mot, trancha la difficulté et résolut le problème :

– Ce sera moi qui n’en aurai point si vous voulez, s’écria-t-il : vous me donnerez la boîte avec l’huile pour la relécher, j’aime autant ça ! Est-ce que ça ira ?

— Si ça irait ? c’était même épatant.

– Je crois bien que les pommes de terre sont cuites, émit Camus, repoussant vers le fond, avec une fourche en coudre plus qu’à moitié brûlée, le brasier rougeoyant, afin d’aveindre son butin.

– À table alors ! rugit Lebrac.

Et se portant à l’entrée :

– Eh bien, la coterie, on n’entend rien ? à table qu’on vous dit ! Amenez-vous ! Y a pus d’amour, quoi ! y a pus moyen !

Faut-il aller chercher la bannière ?

Et l’on se massa dans la cabane.

– Que chacun s’asseye à sa place, ordonna le chef ; on va partager.

Les patates d’abord, faut commencer par quéque chose de chaud, c’est mieux, c’est plus chic, c’est comme ça qu’on fait dans les grands dîners.