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la guerre des boutons


– Qu’est-ce qu’il fait, Camus ? dis-nous-le, va, Lebrac, interrogea Bacaillé.

– Ne lui dis pas, souffla Tintin en le poussant du coude pour lui remettre en mémoire une ancienne suspicion.

– T’as le temps de le voir, toi. J’en sais rien, d’abord ! En dehors de la guerre et des batailles, chacun est bien libre, Camus fait ce qu’il veut et moi aussi, et toi itou, et tout le monde. On est en république, quoi, nom de Dieu ! comme dit le père.

L’entrée en classe se fit sans Camus et Gambette. Le maître, interrogeant ses camarades sur les causes présumées de leur absence, apprit des initiés que le premier était resté chez lui pour assister une vache qui était en train de vêler, tandis que l’autre menait encore au bouc une cabe qui s’obstinait à ne pas… prendre.

Il n’insista pas pour avoir des détails et les gaillards le savaient bien. Aussi, quand l’un d’eux fripait l’école, ne manquaient-ils pas, pour l’excuser, d’évoquer innocemment un petit motif bien scabreux sur lequel ils étaient d’avance certains que le père Simon ne solliciterait pas d’explications complémentaires.

Cependant Camus et Gambette étaient fort loin de se soucier de la fécondité respective de leurs vaches ou de leurs chèvres.

Camus, on s’en souvient, avait en effet promis