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la guerre des boutons


peu l’ordre et l’économie, et « pisse que » les mots ne servent de rien, c’est à coups de pied au derrière que je vais t’instruire, moi, tu vas voir ça, gronda le père Tintin.

Aussitôt, joignant le geste à la parole, saisissant son rejeton par le bras et le faisant pivoter devant lui, il lui imprima sur le bas du dos, avec ses sabots noirs de purin, quelques cachets de garantie qui, pensait-il, le guériraient pendant quelque temps du désir et de la manie de chiper des boutons dans le « catrignot »[1] de sa mère.

Tintin, selon les principes formulés par Lebrac les jours d’avant, gueula et hurla de toutes ses forces avant même que son père ne l’eût touché, il piailla encore plus haut et plus effroyablement quand les semelles de bois prirent contact avec son postère, il poussa même des cris si aigus que la Marie, tout émue et effarée, rentra les larmes aux yeux et que la mère, elle-même, surprise, pria son époux de ne pas taper si fort, croyant que son fils souffrait vraiment le martyre ou presque.

– Je ne l’ai presque pas touché, ce salaud-là, répliqua le père. Une autre fois je lui apprendrai à gueuler pour quelque chose.

– Que je t’y reprenne un peu, ajouta-t-il, à feuner[2] dans les tiroirs de ta mère, et que j’en retrouve des boutons dans tes poches !

  1. Corbeille à ouvrage.
  2. Feuner, fureter, ou mieux fouiner.