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la guerre des boutons


t’auras peau de zébi ! et remporter son truc ; il veut bien vous rappeler ce sale juif-là, allez !

Je sais bien que des os et de la ferraille, il n’y en a pas des tas, mais le meilleur c’est de chiper des pattes[1] blanches ; elles valent plus cher que les autres, et lui vendre le prix et au poids.

– C’est pas commode chez nous, objecta Guerreuillas, la mère a un grand sac sur le buffet et elle fourre tout dedans.

– T’as qu’à tomber sur son sac et en faire un petit avec. C’est pas tout. Vous avez des poules, tout le monde a des poules ; eh bien, un jour on chipe un œuf dans le nid, un autre jour un autre, deux jours après un troisième ; on y va le matin avant que les poules aient toutes pondu ; vous cachez bien vos œufs dans un coin de la grange, et quand vous avez votre douzaine ou vot’ demi-douzaine, vous prenez bien gentiment un panier et, tout comme si on vous envoyait en commission, vous les portez à la mère Maillot ; elle les paye quelquefois en hiver jusqu’à vingt-quatre sous la douzaine ; avec une demi il y a pour toute une année d’impôt !

– C’est pas possible chez nous, affirma Zozo. Ma vieille est si tellement à cheval sur ses gélines que tous les soirs et tous les matins elle va leur tâter au cul pour sentir si elles ont l’œuf. Elle sait

  1. Chiffons.