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la guerre des boutons


caisse, une cagnotte avec quoi on achètera notre trésor de guerre. Comme on est tous égaux, chacun paiera une cotisation égale et tous auront droit, en cas de malheur, à être recousus et « rarrangés » pour ne pas être « zonzenés » en rentrant chez eux.

Il y a la Marie de chez Tintin qui a dit qu’elle viendrait recoudre le fourbi de ceux qui seraient pris ; comme ça, vous voyez, on pourra y aller carrément. Si on est chauffé, tant pis ; on se laisse faire sans rien dire et au bout d’une demi-heure on rentre propre, reboutonné, retapé, requinqué, et qui c’est qu’est les cons ? C’est les Velrans !

– Ça, c’est chouette ! Mais des sous, on n’en a guère, tu sais, Lebrac ?

– Ah ! mais, sacré nom de Dieu ! est-ce que vous ne pouvez pas faire un petit sacrifice à la Patrie ! Seriez-vous des traîtres par hasard ? Je propose, moi, pour commencer et avoir tout de suite quelque chose, qu’on donne dès demain un sou par mois. Plus tard, si on est plus riches et si on fait des prisonniers, on ne mettra plus qu’un sou tous les deux mois.

– Mince, mon vieux, comme tu y vas ! T’es donc « méllionnaire », toi ? Un sou par mois ! c’est des sommes ça ! Jamais je pourrai trouver un sou à donner tous les mois.

– Si chacun ne peut pas se dévouer un tout petit