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la guerre des boutons


trois bien tranquillement aux billes devant chez Fricot.

Tous en chœur lui avaient souhaité le bonsoir et le vieux leur avait dit :

— À la bonne heure ! au moins, vous, vous êtes de bons petits garçons ; c’est pas comme vos camarades, un tas de salauds, de grossiers, je les foutrai dedans !

La Crique avait regardé le garde avec des quinquets comme des portes de grange qui disaient sa stupéfaction, puis il avait répondu à M. Zéphirin qu’il devait sûrement se tromper, qu’à cette heure tous leurs camarades devaient être rentrés chez eux où ils aidaient la maman à faire les provisions d’eau et de bois pour le lendemain, ou bien secondaient à l’écurie le papa en train d’arranger les bêtes.

— Ah ! qu’avait fait Zéphirin. Alorsse, qui c’est donc qu’était à la Saute tout à l’heure ?

— Ça, m’sieu le garde, j’sais pas, mais ça m’étonnerait pas que ça « soye » les Velrans. Hier encore, tenez, ils ont « acaillené » les deux Gibus quand ils retournaient au Vernois.

C’est des gosses mal élevés, on voit bien que c’est des cafards, allez ! avait-il ajouté hypocritement, flagornant l’anticléricalisme du vieux soldat.

— Je m’en doutais, n… d. D… ! grogna Bédouin en grinçant ce qui lui restait de dents, car, on s’en souvient,